Journal Les libraires, Toutes ces cassures en soi.
«Ma tête a une grosse tumeur de vérités à expulser» : c’est ainsi que naît Pour que cela se taise, troublant récit qui nous précipite dans une cascade de souvenirs et de douleurs. Figée en elle, la mémoire des insultes, des coups, des abandons, de l’indifférence, l’obsession de raconter sans trop savoir comment s’y prendre, les ratures, les voies d’évitement, tout se bascule, mais cette conviction que « la littérature désire [s]on bonheur ». L’autrice aborde cette enfance en France, puis son déménagement à Cap-Rouge à 14 ans, balisant le microcosme, grands-parents, fratrie, mère, chiens, une accumulation de victimes collatérales d’un homme obnubilé par sa personne et son pouvoir. On ne peut qu’imaginer les séquelles, les zones mal cicatrisées, ce qui ne peut être réparé. Toutes les histoires n’ont pas à se conclure par la rédemption et le pardon. Il n’y en aura pas ici, il n’y a qu’une liberté de dire, de dénoncer, de nommer. Il n’y a qu’une femme, habile, forte, et cette femme, cette écrivaine, se tient debout, malgré les « briques et échardes », elle se tient debout et écrit, et nous l’en remercions.
Dominique Lemieux, 6 juin 2022
Pour que cela se taise émission de radio René Cochaux, 18 mars 2022
https://soundcloud.com/rene_cochaux/anne-peyrouse-parle-de-son-livre-pour-que-cela-se-taise
Avec Ces fenêtres où s’éclatent leurs yeux, Anne Peyrouse offre au public un court, mais puissant ouvrage qui dénonce la pornographie et l’utilisation qu’elle fait des jeunes femmes. L’écrivaine de Québec navigue des deux côtés de l’écran. À un «NOUS» fort et féminin, elle oppose un «EUX» qui consomme les corps impubères à coup de «dollars PayPal».
Problèmes de drogues, mauvaise estime de soi, suicide, Ces fenêtres où s’éclatent leurs yeux juxtapose la pureté de l’enfance au désenchantement que vivent les performeuses juvéniles.Tranquillement, le recueil plonge son lectorat dans l’industrie du sexe et l’engrenage qu’elle représente pour les fillettes qui s’y glissent naïvement.
Avec la langue vive et décomplexée qu’on lui connaît, Anne Peyrouse présente un recueil de poésie touchant et bouleversant. Un livre qui ne laissera très certainement aucun lecteur indifférent.
Léa Harvey – Le Soleil – 19 février 2021
Entrevue radiophonique avec Marie-Louise Arsenault
Marie-Louise Arsenault – Plus on est de fous, plus on lit! – février 2021 à 14h22
Sarah-Maude Beauchesne parle du recueil et de la collection poésie Hamac. Elle a de très beaux mots pour le recueil Ces fenêtres où s’éclatent leurs yeux (se rendre vers 30 minutes).
Sarah-Maude Beauchesne – ICI ARTV / Esprit Critique – 24 février 2021
L’art de brouiller les pistes
Le nouveau recueil d’Anne Peyrouse, Encore temps de rebrousser chemin, est marqué également par cette hybridation des genres. D’une nouvelle à l’autre, fiction, autofiction, autobiographie et conte s’entremêlent sans que le lecteur puisse réellement faire la distinction. Anne Peyrouse prend un plaisir évident à créer la confusion. Elle explore aussi le contraste entre les majuscules, les mots en italique, les caractères gras et les notes de bas de page. «J’aime beaucoup la nouvelle, car elle me permet de travailler des textes différents sur les plans du langage et de l’imaginaire. Étant poète, je m’amuse aussi avec la présentation physique du mot sur la page.» Quant au titre du recueil, Encore temps de rebrousser chemin fait référence aux différents fils narratifs qui tissent les récits. «Dans ce recueil, des destins se jouent. Le titre s’ancre bien dans la réalité des personnages. Chacun pourrait aller ailleurs à un moment ou un autre de sa vie. Ces personnages pourraient rebrousser le chemin et donc amener le lecteur complètement ailleurs.»
Matthieu Dessureault – Le Journal Le Soleil – novembre 2020
15 nouvelles comme autant de styles d’écriture
Encore temps de rebrousser chemin est un recueil de nouvelles voguant entre le récit autobiographique et le conte qui porte franchement bien son nom. « Ce titre allait bien avec la démarche de mes personnages qui sont toujours en train d’avancer vers la finale, explique-t-elle. Ils pourraient complètement changer de direction, faire le choix de s’en aller, mais ils poursuivent leur chemin de vie menant au plaisir ou à la destruction. C’est très existentiel. »
Pour celle qui n’a jamais eu, dans sa vie, à faire face au syndrome de la page blanche, il importait d’établir un défi dans l’écriture de ce recueil. Ce défi, la tentative de casser le cliché du couple traditionnel en mettant en scène des couples « pas trop amoureux ».
Cela a donné des perles d’histoires comme Exilée sur le sol où le couple est formé d’une jeune voyageuse et d’une vieille dame yougoslave (superbe texte autobiographique), Des mots comme des baisers où un enfant autiste se bat avec les mots qu’il n’arrive pas à prononcer, Du coke et des cigarettes mettant en scène une sœur et son frère schizophrène ou Pilates ou Zumba où le duo est constitué de deux sœurs. […]
Sarah-Émilie Nault – Le Journal de Montréal – 28 novembre 2020
ANNE PEYROUSE risque gros avec Tu ne tueras point, un roman en trois actes (nous sommes dans la tragédie) qui coupe le souffle et laisse abasourdi. Le tout dans une écriture fragmentée, brisée, hachurée, cassée et haletante. J’aime les écrivains qui font perdre les repères et qui, dans une écriture enveloppante, nous poussent dans une dimension où je refuse souvent d’aller. C’est encore plus que ça avec Anne Peyrouse. Elle m’a laissé sur le carreau comme si j’avais été frappé par une tornade qui détruit tout sur son passage. Une forme de Big Bang existentiel qui pulvérise la pensée et l’être.
Yvon Paré – Blogue Littérature du Québec – avril 2018
La prolifique enseignante de l’Université Laval ose dans cet ouvrage à un point qu’il est difficile d’imaginer. Elle ne fait aucun compromis, ni sur la forme, ni sur le propos. « Il est rare d’envisager une femme poursuivie par son destin de meurtrière et de s’y attacher, de tenter de la comprendre comme un être totalement existentiel et poétique », mentionne la maison d’édition Hamac.
Mme Peyrouse propose une narratrice, mère, emprisonnée dans un désir de violence, de vengeance et de liberté. La quête de cette femme, presque identitaire, emmène le lecteur sur un terrain inattendu. La plume, précise, nécessite très peu de mots, parfois, pour atteindre sa cible. L’auteure joue avec la forme tantôt poétique du langage et réussit à relancer l’écriture d’un chapitre à l’autre. Les phrases sans ponctuation ni majuscule confèrent au tu une personnalité distincte, explicite, ce qui contribue à créer une langue vive et colorée.
Le discours, très cru par moment, entraîne le lecteur dans un tourbillon descriptif qui réussit à mettre en image le propos. Une des forces de l’écrivaine est de se jouer du lecteur, lui donner un fil, et sans crier gare, le couper. Une phrase, toute petite, presque invisible, chamboule tout. Le récit bascule et la charge émotive qui y est liée se décuple jusqu’à plus capable. Poser l’ouvrage et respirer s’impose. Ouvrir Tu ne tueras point, c’est cheminer à l’aveugle, faire confiance et s’abandonner sur un terrain glissant, mais accepter de se laisser surprendre, tout doucement.
Josée Ratté – Impact Campus – février 2018
Sous la forme d’un roman d’apprentissage, l’histoire de Clara – une protagoniste aussi attachante qu’inquiétante – emporte le lecteur dans les méandres d’une pensée contaminée par le délire d’une mère violente et tortionnaire.
Journal le Fil
Un groupe d’amis en voiture pour l’ailleurs, une grand-mère qui abhorre son petit-fils, un homme qui entretient pendant des décennies une relation avec une maîtresse sous les conseils de sa femme.
La galerie de personnages habilement dépeints par Anne Peyrouse dans son recueil de nouvelles Passagers de la tourmente nous entraîne dans un parcours qui ne manque pas de nous secouer. Les récits oscillent entre tendresse et violence crue, érotisme et sexualité écorchée, menés par une narration souvent transparente qui n’hésite pas à prendre le lecteur à partie. Lire Passagers de la tourmente – en référence à la chanson Riders on the Storm du groupe The Doors -, c’est se heurter au corps mis à mal, violent, violé. On comprendra que ce recueil, bien qu’il soit composé de textes courts écrits dans une langue très rythmée, ne se lit pas en vitesse. L’écriture très sensorielle ne ménage pas les sensibilités. Ici, aucune censure, ni dans le mot ni dans le geste. Si chaque nouvelle n’a pas la même force, les deux dernières, dont le contraste est frappant, sont les plus prenantes, derniers arrêts d’une tourmente déstabilisante qui nous garde sur le qui-vive.
Marie-Hélène Bolduc – Juillet 2013
Si Anne Peyrouse est surtout connue pour sa poésie, elle n’a vraiment pas à rougir lorsqu’elle passe du côté de la nouvelle. J’en ai pour preuve ce recueil qui met en scène des personnages rongés de l’intérieur. Il y a une force tranquille dans l’écriture de l’auteure. L’air de rien, elle nous entraîne dans tout ce que l’humain a de viscéral comme si, à l’aide d’un scalpel, elle cherchait à disséquer ce qui se cache en nous. Et elle va parfois très loin, entre autres, dans la toute dernière nouvelle Le Roman du désir dans laquelle elle ose aborder la sexualité d’une fillette de huit ans…
Il y a certes quelque chose de dérangeant dans son écriture, mais elle ne bascule jamais dans la facilité ni du côté du mauvais goût. Malgré la cruauté de certaines situations, elle fait vibrer le lecteur qui se surprend à y prendre un certain plaisir qui vient parfois se mêler à une sorte de malaise. Moi, quand une auteure parvient à faire ça, ça me séduit totalement. Anne Peyrouse maîtrise sa matière, ses thèmes et ses personnages. Pas étonnant. Rappelons qu’elle détient un doctorat en littérature et qu’elle enseigne la création littéraire à l’Université Laval.
Marie-Hélène Bolduc – Février 2013
Ode à la vie
Le troisième recueil de poésie d’Anne Peyrouse fleure l’enfance et les joies de l’existence.
Qui a dit que la poésie devait être douleur, hermétisme et noirceur? Certainement pas Anne Peyrouse qui signe un recueil vivant et plein de sensualité. Avec Sables d’enfance (Éditions Cornac), cette chargée de cours au Département des littératures revient sur les sensations marquantes du début de sa vie lorsqu’elle habitait le sud de la France avec sa famille. Des bouffées de thym, des visions de lézards, des images de femme s’effondrant dans le sel de la mer et dansant comme une fleur andalouse traversent ses souvenirs poétiques. «En m’interrogeant sur mes expressions et ma vision du monde, mes filles m’ont incitée à revenir vers l’enfance, constate la poétesse. Je suis très bien enracinée au Québec, mais j’ai réalisé que cette quête des origines m’était essentielle.»
La nature sensuelle tient une grande place dans ses vers, comme si réfléchir à ses premières années de vie avait poussé Anne Peyrouse à se rapprocher de la terre, de la plage, du sable, du corps, de la sexualité aussi. Dans un sourire, cette enseignante éprise de littérature érotique fait remarquer que le public a trop souvent tendance à considérer les professeurs comme des êtres raisonnables et très intellectuels. «Un texte s’apprécie aussi par les émotions qu’il procure, sa rythmique, ses sons, souligne-t-elle. Il y a une sensualité du langage à goûter.» Là encore, ses filles l’ont aidée à se rapprocher des sensations physiques. D’ailleurs, des allusions à ces dernières – «mes p’tites, mes flounes, mes sucres» – se déclinent tout au long de ce poème gorgé de lumière, ode à la vie et à l’amour. Elle a aussi sollicité sa mère, méditerranéenne dans l’âme, pour retrouver des mots oubliés racontant la Provence, comme ce crépi blanc qui recouvre les murs des maisons.
Pascale Guéricolas – Fil des événements – Octobre 2008
Le dernier livre d’Anne Peyrouse est rempli d’une force tellurique qui se propage avec agilité dans un langage fluide et lyrique. La femme dont il est question tout au long du recueil est une mère-femme qui, en plus de donner la vie, célèbre la sensualité méditerranéenne avec des mots de sable, de sel et de soleil. La filiation est très présente par l’entremise de deux enfants à qui s’adresse l’auteure et dont les «mains délient la vie et ses racines». Ces enfants portent donc en eux la promesse d’une quête jamais terminée, mais en quelque sorte plus vaste que notre petite personne, grâce à cette énergie toute spéciale que l’on appelle «amour». Beaucoup de mots et de couleurs pastel font référence à la Provence natale de l’auteure, d’où le titre du recueil.
Guy Marchamps – Le Libraire – Décembre 2008
Créés à Chicago dans la seconde moitié des années 80, les slams de poésie ont désormais conquis le Québec. Même si l’on en présente depuis l’automne 2006, c’est avec le passage de Grand Corps Malade à Tout le monde en parle en novembre dernier que les médias d’ici ont pris conscience du phénomène. Mais comment traduire sur papier la richesse et le dynamisme de ces soirées poétiques publiques? C’est ce que Marceau et Peyrouse tentent de résoudre en organisant leur recueil comme s’il était la transcription intégrale des spectacles. On retrouve 12 poètes de Québec qui présentent chacun de trois à cinq textes, ainsi qu’un «sacrifié», un poème d’ouverture qui donne le ton à l’événement.
La question dès lors ne sera pas de juger de la qualité des poèmes, mais d’essayer, en les lisant à voix haute, de permettre aux mots de perdre leur sens et d’être perçus comme des sonorités, des rythmes, des musiques, réminiscence de l’époque où la poésie, art du peuple, fleurissait dans les rues et se métissait avec le théâtre et la musique. Le pari est réussi.
Entre les lignes – Automne 2008
Anne Peyrouse scrute ses errances pour découvrir l’origine d’une poésie qui touche l’âme et qui puise ses mots dans le réel des jours. Retraçant les fondements du monde, elle partage avec nous ses bribes d’éternité et nous accompagne dans ses images marquantes et ses silences qui ne se taisent plus. Des haïkus qui s’interrogent, qui se lient, qui s’espèrent. Par la voix de Peyrouse, la vie est fragmentée en poèmes qui reflètent une belle sensibilité et une volonté d’être. Ils laissent une empreinte dans notre mémoire comme un tatouage ancré dans la peau. Une écriture libérée où la femme et le corps humain font souvent l’objet de haïkus et où le «je» nous apparaît sous divers visages: tantôt observateur, tantôt acteur, il se fond dans les pages pour revenir à la charge avec des mots qui cognent.
Marie-Pier Deschênes- Lecteurs.ca – Été 2006
Comment établir un meilleur pont entre un large public et la poésie, sinon par l’humour?
C’est le pari que s’est donné Anne Peyrouse, poète, nouvelliste et anthologiste de Québec qui a gagné plusieurs prix littéraires dont les Prix Piché de Poésie et Félix-Leclerc.
Humour et poésie, 30 poètes québécois illustre de façon fort convaincante que la poésie, ce n’est pas toujours uniquement sérieux. Pour cette anthologie, Anne Peyrouse a fait un choix de poèmes dans l’œuvre de 30 poètes contemporains, femmes et hommes, qui ont soit établi leur poésie surtout autour des procédés et techniques de l’humour; soit qui ont utilisé les jeux de mots, les contrepèteries, la moquerie, la farce ou le sarcasme, entre autres, sporadiquement, pour colorer, voire épicer au passage leurs images poétiques.
De José Acquelin à Claude Gauvreau, de Yolande Villemaire à Monique Juteau sans oublier les Michel Garneau, Jean-Paul Daoust, Alain Fisette, Patrice Desbiens et Paul-Marie Lapointe, pour ne nommer que quelques-uns des poètes choisis pour amorcer ce rapprochement entre la poésie et un plus vaste public lecteur.
Pari gagné?
Nous croyons que oui.
Site des Écrits des Forges – catalogue – 2004
Sur un thème aussi éculé, on ne peut que s’émerveiller de la capacité humaine à recréer ses instants sublimes de bonheur, ou à l’inverse, abyssaux de la douleur. Preuve s’il en est que la poésie sait se renouveler, après le tamis de l’éditeur suivi de celui du lecteur réceptif. Certains poèmes courts, notamment ceux de Carol Lebel, ont toute la saveur exquise des poèmes japonais, mais sans que cela n’enlève rien à leur poésie, ce ne sont pas des haïkus quand bien même ils seraient en trois vers ( non respect de la scansion 5-7-5, pas de mots de saison ou de temps ). Dans un autre genre, Martine Jacquot et Alain Morrier prouvent que la prose poétique a de dignes successeurs après un Lautréamont, ou plus récemment, Carl Norac.
Sur la forme, il s’agit d’une belle anthologie, à la fois diverse dans le verbe des poètes retenus et dans le nombre de poèmes : une trentaine de lignes par page, de quoi passer de longs moments de lectures avant d’en refermer la dernière page, avant laquelle figure la liste des auteurs et des recueils publiés par le Loup de Gouttière.
Erwan L’Helgouach – artslivres.com – Hiver 2006
Durant l’élaboration de cette nouvelle plaquette, Anne Peyrouse s’est accompagnée des mélodies de Plat Pays de Jacques Brel, chanson dont on retrouve des extraits en italique parsemés dans tout le recueil. Ce qui n’était qu’une circonstance aléatoire est donc vite devenu une partie intégrante de la structure du livre, la Belgique initiale continuant de glisser vers un terrain encore plus métaphorique: «Mes yeux suivent le parcours des neiges, la douceur des anges. Pourquoi découvrir les ballerines détruites? J’escalade des vagues et des dunes pour arrêter les vagues.» S’il est une qualité qu’on ne peut enlever à Peyrouse, c’est cette capacité à produire un langage aérien, volatile. Une caractéristique de son style qui trouve appui dans les nombreux contrastes typographiques: du vers à la prose, des capitales aux italiques, en plus de l’utilisation abondante et variée du blanc, on est incité à quitter la page pour renouer avec la pulsion scripturale.
Thierry Bissonnette – Fil des événements- Août 2002
Les onze nouvelles et contes du recueil présentent une galerie de «portraits singuliers» comme l’indique l’éditeur, avec justesse en quatrième de couverture. Rien de banal dans ces textes — à moins que la violence, la folie, l’angoisse, la haine, l’étrangeté soient désormais des réalités quotidiennes, ordinaires. Il y a, par exemple, Marc, enfoncé dans sa folie, que sa sœur vient visiter tous les mois à l’hôpital; Évelyne qui, toutes les nuits, appelle son père pour lui lancer sa haine au visage; Virginia qui ne peut pardonner à ses filles la mort de leur plus jeune sœur, sourde, qu’elles étaient censées surveiller; l’itinérant tourmenté par un vieil amour déçu; ou encore l’homme violent aux meurtres gratuits de «L’aile rompue des étoiles».
Chacun des textes du recueil dérange. Réunis, ils créent un univers sombre aux frontières de l’absurde encore plus déconcertant, avec un langage poétique qui semble en accentuer la noirceur et l’étrangeté. Une écriture particulière, un recueil qui a avantage à lire à petites doses.
Linda Amyot – Nuit blanche – 2003
Son recueil Dans le vertige des corps qui vient d’être couronné Prix Félix-Leclerc, souligne son originalité, sa forte personnalité et surtout nous révèle un langage poétique tout à fait renouvelé. Anne Peyrouse se démarque en effet des modes poétiques du moment qui se vautrent le plus souvent avec une quasi délectation, dans la déprime la plus profonde et le négativisme le plus noir. Elle a choisi de nous offrir «une poésie empreinte d’espoir et d’horizons». Une poésie qui n’a pas peur d’être poétique, et cela fait du bien…
Un prix bien mérité et fort prometteur!
Alexandra S. Holstein – LivresPlus – Janvier 2000
Anne Peyrouse a composé un petit livre harmonieux et séduisant. Si l’on devait définir son propos en quelques mots seulement, on dirait qu’elle a conçu un éloge de la féminité par la féminité. Elle se veut en effet pleinement femme, en corps et en esprit, de la tête aux pieds, en action et en rêve. Elle chante les secrets et la chaleur qui reposent en elle et qu’elle partage avec toutes ses sœurs, ce qui confère parfois à ses textes un naturel, une sincérité, une joie, une liberté qui rappellent des poèmes de l’Antiquité païenne.
Si la sexualité est partout, implicite, elle n’est que le sommet d’une sensualité glorieuse. La passion n’est pas nécessairement orientée vers un sexe ou vers l’autre: elle se déploie sans entraves dans un monde où «passent les mots et se dressent les seins». Pas de tabous, pas de craintes non plus devant les limitations fatales de la chair et de la vie. Éros sans Thanatos…
Georges Sédir – Phréatique – Printemps 2000